Diane Arbus, Mère et “Grande Sœur” : Une Relation Complice

Diane Arbus (1923-1971) a révolutionné la photographie par ses portraits pénétrants, explorant les marges de la société et la complexité de l’identité. Si son œuvre est souvent analysée sous l’angle de la transgression et de la mélancolie, sa vie privée, notamment sa relation avec ses deux filles, Doon (née en 1945) et Amy (née en 1954), révèle une facette plus douce et complice de sa personnalité.

La Mère Dévouée

Durant les premières années de son mariage avec Allan Arbus, avec qui elle formait un duo de photographes de mode prospère, Diane Arbus est décrite comme une mère épanouie. Les biographes s’accordent à dire qu’elle était une “bonne mère”, dévouée à ses deux filles. La naissance d’Amy, en 1954, coïncide avec une période où Diane Arbus commence à ressentir les frustrations de sa carrière commerciale. Malgré les tumultes intérieurs qui la mèneront à abandonner la photographie de mode pour son œuvre personnelle, son rôle maternel reste central.

Une Complicité “d’Égal à Égal”

C’est après sa séparation d’avec Allan, en 1959, que la dynamique de sa relation avec ses filles évolue. Diane s’installe avec Doon, alors adolescente, et Amy, encore jeune enfant, dans un appartement de Greenwich Village. Loin d’incarner une figure d’autorité parentale stricte, Arbus développe ce qui a été décrit comme un “rapport complice” et une “relation amicale d’égal à égal” avec ses enfants.

Elle-même aurait confié qu’elle se sentait davantage comme leur “grande sœur” que comme leur mère. Cette proximité se traduisait dans leur quotidien. Sa fille aînée, Doon, se souvient par exemple de jeux partagés à Central Park, non pas comme des activités supervisées par un adulte, mais comme des moments de pure complicité ludique entre elles trois.

L’Art et la Vie Entremêlés

Diane Arbus n’a pas érigé de barrière étanche entre son travail radical et sa vie de famille. Ses filles étaient conscientes de l’univers singulier qu’elle explorait. Elles étaient les témoins de sa fascination pour ceux que la société qualifiait de freaks (monstres) ou de marginaux.

Cette immersion dans le monde de leur mère a profondément marqué leur perception d’elle. Doon Arbus a ainsi livré une description de sa mère qui fait directement écho à l’esthétique de son œuvre : elle la voyait comme “une princesse s’aventurant dans son propre conte de fées peuplé de nains, d’hommes qui sont en réalité des femmes, [et] de femmes qui sont des hommes”.

Après le suicide de Diane Arbus en 1971, ce sont Doon (écrivaine) et Amy (devenue elle-même photographe) qui ont pris en charge son héritage. Elles gèrent activement The Estate of Diane Arbus, protégeant et promouvant l’œuvre de cette mère qui, tout en documentant les “aristocrates” de la marge, entretenait avec elles un lien fusionnel et singulier.


Anecdotes et Sources

  • La “Grande Sœur” : L’idée que Diane Arbus se voyait comme la “grande sœur” de ses filles est rapportée dans plusieurs analyses biographiques (Source 1).

  • Jeux à Central Park : Doon Arbus a raconté que, lorsque sa sœur Amy avait deux ans, elles allaient toutes les trois à Central Park, près du terrain de jeux de la 72e rue, où Diane et Doon “jouaient à ceci” (faisant référence à des jeux partagés d’égal à égal) (Source 2).

  • La “Princesse dans son Conte de Fées” : La description la plus célèbre de Diane Arbus par sa fille Doon est celle-ci : “Elle ressemblait parfois à une princesse se déplaçant à l’aventure dans son propre conte de fées peuplé de nains, d’hommes qui sont en réalité des femmes, de femmes qui sont des hommes” (Source 2).

Sources utilisées (basées sur les résultats de recherche précédents) :

(1) Cieljyoti’s Blog, “Diane Arbus (1923-1971)”

(2) Extrait de “Diane Arbus. Ou Le rêve du naufrage”, Numilog.com